Cannabis and mental illness: a review

[Diffusé le 05-03-2019]

Source : European Archives of Psychiatry and Clinical Neuroscience 2019; 269(1):

Darby J. E. Lowe 1,2, Julia D. Sasiadek 1, Alexandria S. Coles 1, Tony P. George 1,3

1 Addictions Division, Centre for Addiction and Mental Health (CAMH) University of Toronto Toronto USA
2 Institute of Medical Sciences University of Toronto Toronto USA
3 Division and Brain and Therapeutics, Department of Psychiatry University of Toronto Toronto USA

Cannabis et troubles psychiatriques : un bilan

Article commenté par : L'équipe éditoriale AddictoScope

Les troubles liés à l'usage de cannabis sont beaucoup plus répandus chez les personnes atteintes de maladies mentales que dans la population générale. Egalement, les troubles psychiatriques sont connus pour non seulement être prédictifs de la consommation problématique de cannabis, mais également fausser la perception des personnes pensant à tort que le cannabis est inoffensif. Enfin, malgré la forte prévalence de la consommation de cannabis dans la population psychiatrique, les données permettant d'étayer les effets bénéfiques de la consommation de cannabis chez ces patients sont limitées. Ainsi, avec la pression croissante en faveur de la légalisation du cannabis dans les pays occidentaux, il apparait nécessaire de mesurer l'impact potentiel de ce changement de politique sur les populations souffrant de maladies mentales, notamment de schizophrénie, de troubles de l'humeur et d'anxiété.

La présente revue de la littérature a donc été conduite afin d’examiner le paradoxe entre la forte prévalence de consommation de cannabis chez les patients souffrant de maladies mentales, et les faibles preuves du potentiel thérapeutique du cannabis et de ses composants. La dépendance au cannabis et l’automédication ont été systématiquement analysées.

Il apparaît que les individus ayant des troubles psychiatriques peuvent être prédisposés à développer une addiction en raison de divers facteurs biologiques et sociologiques. De même, l’existence d’un trouble psychiatrique comorbide complique encore la situation, les effets euphorisants, anxiolytiques et désinhibiteurs du cannabis pouvant masquer un désir d'automédication du patient. Enfin, la forte prévalence des effets thérapeutiques autodéclarés par les consommateurs de cannabis crée un paradoxe influençant négativement les perspectives sociétales et politiques, et contribuant également à polariser les points de vue sur le cannabis.

Dans le contexte actuel de légalisation et de prévalence croissante de la consommation de cannabis, il existe de nombreux obstacles à la bonne information des politiques et du grand public. Deux des principaux obstacles sont (1) la perception que le cannabis est une drogue présentant « seulement de bons ou de mauvais résultats » et (2) la notion que le cannabis est une « médecine alternative ». Jusqu'à présent, les preuves scientifiques ont démontré que la consommation de cannabis à des fins récréatives présentait plus d’effets nocifs sur la maladie mentale que d’effets thérapeutiques positifs. Cependant, le cannabis est une drogue regroupant de nombreux composants (delta-9-tétrahydrocannabinol et cannabidiol) aux effets différentiels, pouvant être combinés et préparés sous différentes formes, plaçant de facto le cannabis au sein d’une « zone grise » ni totalement bonne, ni totalement mauvaise. Ainsi, un cannabis riche en delta-9-tétrahydrocannabinol peut être principalement nocif, en particulier pour les patients atteints de maladies mentales, cependant, le cannabidiol pur peut favoriser un soulagement thérapeutique. Le cannabis à usage récréatif, contenant de plus en plus de delta-9-tétrahydrocannabinol et ayant des concentrations de cannabidiol plus basses, sera principalement nocif pour les patients atteints de troubles psychiatriques.

En conclusion, il semble nécessaire de faire évoluer la conceptualisation actuelle du cannabis (« médecine alternative » ou « substance purement nocive ») vers la reconnaissance de cette « zone grise ». La collecte et l'analyse de données prospectives apparaissent plus que jamais essentielles pour une information précise du grand public, assurant aux individus de faire des choix en pleine connaissance de cause et aux politiques de fonder leurs politiques d’éducation pour la santé sur des preuves scientifiquement solides.

Abstract

With the increasing push to legalize cannabis in Western nations, there is a need to gage the potential impact of this policy change on vulnerable populations, such as those with mental illness, including schizophrenia, mood, and anxiety disorders. This is particularly important as there are strong motives in these individuals to seek short-term reward (e.g., “getting high”). Nonetheless, data to support the beneficial effects of cannabis use in psychiatric populations are limited, and potential harms in patients with psychotic and mood disorders have been increasingly documented. This article reviews the effects of cannabis in people with mental illness. Then, we provide a reconciliation of the addiction vulnerability and allostatic hypotheses to explain co-morbidity addiction in mentally ill cannabis users, as well as to further aid in developing a rational framework for the assessment and treatment of problematic cannabis use in these patients.

Keywords: Cannabis  - Addiction  - Therapeutics  - Harms  - Schizophrenia  - Mood disorders  - Anxiety disorders  - Post-traumatic stress disorder  - Legalization .


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