Anesthetic implications of recreational drug use

[Diffusé le 24-10-2017]

Source : Canadian journal of anaesthesia / Journal canadien d'anesthésie 2017; 64(12): 1236-64

Pierre Beaulieu 1,2,3

1 Department of Anesthesiology and Pain Medicine, Faculty of Medicine Université de Montréal Montréal Canada
2 Department of Pharmacology and Physiology, Faculty of Medicine Université de Montréal Montréal Canada
3 Department of Anesthesiology CHUM Montréal Canada

Les implications anesthésiques de la consommation de drogues récréatives

Article commenté par : L'équipe éditoriale AddictoScope

Avec l’augmentation de la consommation et de l’abus de drogues récréatives dans la population générale, la probabilité qu’un anesthésiste rencontre des patients usagers de drogues ou dépendants en période péri-opératoire est en constante augmentation. Les substances illicites les plus souvent utilisées, en dehors de l’alcool et du tabac, sont le cannabis, la cocaïne, l’héroïne, les opioïdes sous ordonnance, la méthamphétamine et les substances hallucinogènes. Il est donc important que les anesthésistes connaissent les effets de ces produits, les possibles interactions entre drogues, et les symptomatologies de sevrage, afin d’optimiser la prise en charge des patients en péri-opératoire

Une évaluation détaillée incluant la recherche d’antécédents d’utilisation de drogues et de traitements associés sera toujours réalisée afin d’élaborer un plan adapté de prise en charge. Egalement, la recherche de symptômes d’intoxication aiguë et de complications d’abus chronique de substances est indispensable, leurs prises en charge étant essentiellement distinctes. Enfin, il est important de connaître le type et la quantité de produits illicites (cannabis, cocaïne, ecstasy, ….) ou prescrits (traitement méthadone) consommés, ainsi que l’heure de la dernière prise de substance. S’il y a lieu, des tests de dépistage spécifiques peuvent être pratiqués.

Le dépistage urinaire de drogue, dont les résultats sont habituellement disponibles en 30 minutes, permet d’identifier le type d’intoxication quand l’information n’est pas disponible ou fiable, ou quand les symptômes présents ne concordent pas avec les antécédents et l’histoire toxicologique du patient. Plusieurs tests de dépistage des drogues sont alors disponibles, et permettent de rechercher la marijuana, les amphétamines/méthamphétamines, la phencyclidine, la kétamine, la cocaïne, les opioïdes, les barbituriques, ainsi que les benzodiazépines.

Si la chirurgie n’est pas urgente et que le patient est victime d’une intoxication aiguë, il est conseillé de retarder l’intervention, une décision prise en fonction de l’histoire toxicologique du patient et/ou des résultats de laboratoire. Néanmoins, les tests urinaires peuvent rester positifs pendant plusieurs jours (voire plusieurs semaines) après la consommation de substances et par conséquent peuvent ne pas être le reflet d’une intoxication aiguë. En tout état de cause, il est essentiel d’expliquer le plan anesthésique aux patients concernant la période péri-opératoire et les traitements antidouleur en post-opératoire.

En conclusion, la prise en charge péri-opératoire d’un patient dépendant doit ainsi se concentrer sur 3 aspects : la gestion de l’intoxication, la prévention ou le traitement du sevrage, et l’analgésie multimodale et/ou régionale post-opératoire. Au cours de la période post-opératoire, les objectifs sont le confort (analgésie, prévention continue du sevrage) et la sécurité du patient (notamment tolérance aux opioïdes et risques d’événements indésirables).

Abstract

Purpose As the use of recreational drugs increases, the likelihood of an anesthesiologist perioperatively encountering patients using or addicted to these drugs will also increase.
Principal findings Addicted patients may present for anesthetic care in a variety of circumstances in everyday elective surgeries or in acute or life-saving situations, such as emergency Cesarean delivery or trauma surgery. Therefore, it is important for anesthesiologists to know about the most common illicit drugs being used, their clinical presentation and side effects, and the anesthetic options that are beneficial or detrimental to these patients. The most frequently used illicit substances, apart from alcohol and tobacco, are cannabis, cocaine, heroin, prescription opioids, methamphetamine, and hallucinogens. When planning anesthetic care, it is important for anesthesiologists to understand the effects of these agents, including various drug interactions, to predict tolerance to some anesthetic agents, to recognize drug withdrawal signs and symptoms, and to be prepared to manage all these factors in the perioperative period.
Conclusions For optimal patient care through the perioperative period, it is critical to obtain information about patient drug use and other associated treatment in order to construct an appropriate anesthetic plan, including specific considerations during surgery, emergence, and in the postanesthesia care unit.

Résumé

Implications anesthésiques de l’usage de drogues dans un but récréatif

Objectif Avec l’augmentation de l’utilisation des drogues récréatives, la probabilité qu’un anesthésiologiste croise en période périopératoire des patients usagers ou accros à ces drogues va augmenter.
Constatations principales Les patients dépendants peuvent avoir besoin de soins anesthésiques dans des circonstances variées pour des chirurgies planifiées usuelles ou dans des situations aiguës, parfois vitales, telles qu’un accouchement d’urgence par césarienne ou une intervention chirurgicale à la suite d’un traumatisme. Il est donc important que les anesthésiologistes connaissent les drogues illicites le plus souvent utilisées, leur tableau clinique et leurs effets secondaires ainsi que les options anesthésiques qui peuvent être bénéfiques ou nocives pour ces patients. Les substances illicites les plus souvent utilisées, en dehors de l’alcool et du tabac, sont le cannabis, la cocaïne, l’héroïne, les opioïdes sous ordonnance, la méthamphétamine et les substances hallucinogènes. Pendant la planification des soins anesthésiques, il est important que les anesthésiologistes comprennent les effets de ces agents, y compris différentes interactions entre les drogues, pour prédire la tolérance à certains agents anesthésiques, reconnaître les signes et symptômes d’un syndrome de sevrage, et être prêts à gérer tous ces facteurs au cours de la période périopératoire.
Conclusions Pour assurer des soins optimaux aux patients tout au long de la période périopératoire, il est absolument essentiel d’obtenir de l’information sur l’utilisation de drogues par le patient ainsi que sur un autre traitement associé afin de bâtir un plan anesthésique adapté, incluant des considérations spéciales au cours de la chirurgie, la situation d’urgence et dans l’unité de soins après une anesthésie.


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