Psychoses émergentes et addiction (Partie 2)

[Diffusé le 10-09-2019]

Auteur : Dr Véronique Vosgien


Il est primordial de dépister, détecter, évaluer les conduites addictives dès les premières expressions de la psychose. Prévention et accompagnement à la réduction des risques et des dommages sont primordiaux pour le pronostic.

Nous l’avons vu, l’association des deux problématiques conduit à une nouvelle clinique qui montre les limites des prises en charge séquentielles ou parallèles. La prise en charge intégrée doit être privilégiée même si elle reste aujourd’hui difficile à mettre en place en France.

Nous devons inventer des collaborations originales qui donneront le plus de chance possible au patient en diminuant les ruptures de soins. Le rapprochement de la psychiatrie et de l’addictologie devient une évidence dès les premiers symptômes jusqu’à la réhabilitation psychosociale en passant par les programmes d’éducation thérapeutique.

Dans ce contexte, prend toute sa valeur la place de l’infirmier référent en psychiatrie ou du case-manager dans une idée plus globale.

Les objectifs seront ceux du patient et leurs atteintes passeront d’abord par l’alliance thérapeutique puis par la reconnaissance de la problématique de consommation et de ses conséquences souvent minimisées et enfin par une prise en soin adaptée. Le contrôle des consommations sera dans un premier temps plus acceptable, la question de l’arrêt ou de l’abstinence n’est pas en soi important mais la recherche du sens de ces consommations, une piste pour aider au changement des comportements.

Il faut avancer pas à pas vers l’acceptation du problème, la motivation au changement de comportement puis au maintien des objectifs

Les troubles neurocognitifs et la désorganisation psychique du patient schizophrène entraînent ipso facto un parcours plus long et plus difficile et doivent nous conduire à repenser le soin et à l’adapter au plus près des capacités du sujet.

Ce parcours est loin d’être linéaire et il faut savoir s’adapter à chaque événement de vie. La connaissance du réseau de soins psychiatrique et addictologique et une bonne coordination pourront alors remplacer les soins intégrés par une même équipe.

Des outils communs de repérage de dépistage tant des troubles psychiatriques qu’addictologiques, partagés permettraient une lecture commune et surtout permettraient des réponses graduées en fonction des symptômes ou des besoins de la personne.

Quand appeler le psychiatre ? quand appeler l’addictologue ou les équipes de liaison ?   Quand hospitaliser ? (Il a été montré une plus grande efficacité des soins ambulatoires au long cours que les hospitalisations.)

Quelle approche psychothérapeutique ? (Sans doute plus souple…)

Prendre en considération l’isolement social ou à contrario l’appartenance à un groupe de consommateurs comme facteurs de rechute est nécessaire.

Quid des traitements ? Leurs interactions ? Leur contre-indications ? Les traitements habituels de sevrage tout comme les traitements de substitution des opiacés peuvent bien entendu être utilisés et par ailleurs il faut savoir réévaluer les traitements  psychotropes après la stabilisation addictologique .

Traiter les patients schizophrènes au plus tôt diminue la consommation de toxiques et l’arrêt des consommations quelles qu’elles soient améliorent la symptomatologie psychotique.

Alors ne passons pas à coté !

 

  1.     Psychose émergente : une notion au service de la clinique Jean Chambry L'information psychiatrique 2019/3 (Volume 95), pages 165 à 169

  2. https://www.santementale.fr/actualites/psychose-debutante-10-propositions-pour-l-intervention-precoce.html

  3. PSYCHOSE ET TOXICOMANIES Revue Santé Mentale : N° 70 - Septembre 2002

  4. Alain Dervaux – Xavier Laqueille-Marie Odile Krebs INSERM E0117 Paris V Sante mentale N°70 sept 2002

  5. Cannabis et psychose : recherche d’un lien de causalité à partir d’une revue critique systématique de la littérature lP.-  Y.Le Bec M.Fatséas C.Denis  E.Lavie  M.Auriacombe L'Encéphale Volume 35, Issue 4  , September 2009, Pages 377-385

  6. Le cannabis et ses effets  délétère : pour un débat plus nuancé Laurence Jobidon, M. D., Résidente en psychiatrie, Candidate à la maîtrise en sciences biomédicales, Université de Montréal Didier Jutras-Aswad, M. D., M. Sc., FRCPC, Chercheur au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal, Professeur agrégé de clinique, département de psychiatrie de l’Université de Montréal   

Podcast Series - Sous Emprise
Noter cet article :
Moyenne des notes obtenues : 4 ★

Ma bibliographie

Accédez à vos articles favoris, classez-les par dossiers ou encore exportez-les sous format ENDNOTE !


Rechercher

Besoin d'aide ?
Recherche avancée
Recherche par revues
798 articles actuellement disponibles
A | B | C | D | E | F | G | H | I | J | K | L | M | N | O | P | Q | R | S | T | U | V | W | X | Y | Z | 0-9
Recherche par rubriques