Vapoter ou ne pas vapoter, telle est la question

[Diffusé le 10-12-2019]

Auteur : Dr Véronique Vosgien


«L'absurdité est un plaisir fugace, comme une cigarette que l'on fume en riant, tout en sachant qu'elle est nocive» (Norman Mailer)

 

Nous voilà à la fin du mois sans tabac qui aura permis cette année encore d’amorcer des discussions, des stratégies motivationnelles, des changements de comportement et pour certains aura permis un arrêt de la cigarette.

Les outils d’accompagnement sont nombreux : médicaments, TSN, psychothérapie et e-cigarette.

Cette dernière est régulièrement  l’objet d’informations «  choc », contradictoires et déroutantes pour l’usager.

En juillet 2019, dans son dernier rapport,  l’OMS déclare que  la cigarette électronique est «incontestablement nocive» et qu’elle «ne devrait pas être promue comme une aide au sevrage».

Une position à rebours des positions adoptées par de nombreuses instances sanitaires. En effet  de nombreuses études montrent l’efficacité de l’e cigarette pour arrêter de fumer.

Il faut en effet évaluer la balance bénéfice-risque. Le tabac est à l’origine de 75 0000 morts par an en France. Si les risques au long court restent incertains, il est clair par contre  que la e cigarette est moins toxique que la cigarette.

Cancers, BPCO, emphysème et maladies cardiovasculaires sont secondaires aux nombreux produits toxiques qui composent la cigarette, ceux-ci n’existent pas à un  taux significatif  dans l’e-cigarette, ce qui tend à une diminution nette des risques ( à condition que l’utilisation de l’e cigarette soit exclusive ). Certaines études montrent son efficacité dans la diminution des risques cardio- vasculaires et cela rapidement. (1)

En 2017, 700 000 ex fumeurs pensaient que l’e-cigarette les avaient aidés .(2)( 4)

Donc des risques au long court peu définis mais un bénéfice sur la santé évident.

Une autre critique de l’e-cigarette est de provoquer une dépendance forte à la nicotine.

L’épidémie aux USA avec la JULL en est le témoin, mais reprenons le contexte : pas de législation claire sur la vente et la publicité, des sels de nicotine fortement dosés et un marketing agressif envers les jeunes.

En Europe et en France, le commerce est réglementé tout comme la publicité, ce qui doit protéger les plus jeunes.  La quantité maximale de nicotine  autorisée dans les e liquide est bien inférieure à celle des e liquides vendus au USA.

Tout comme d’autres sujets, telle l’épidémie d’overdose opioïdes aux USA, il ne faut pas comparer ce qui n’est pas comparable. Par contre, au regard des dérives américaines, il faut conforter nos positions de protection, d’information et  d’accompagnement des usagers et rappeler que l’e-cigarette peut entraîner  une addiction et n’est réservée qu’aux fumeurs dépendants.

Dernières controverses: des morts avec l’ e-cigarette.

Oui, en effet aux  USA, l’usage de l’e cigarette a conduit à de graves pneumopathies (2000 répertoriées ) parfois mortelles (40 décès) (2) (3).

L’augmentation des addictions au tabac chez les plus jeunes et la constatation des décès a conduit d’ailleurs certains pays, certains états des Etats-Unis et certaines villes, à réglementer, limiter voire interdire l’e-cigarette.

Quelle réalité sur ces décès ? Il a été démontré que la responsabilité en incombait aux e-liquides illégaux : frelatés, contenant notamment du THC associé à des pesticides, de l’acide cyanhydrique et de l’acétate de vit E (3), achetés sur internet.

Ces produits ne sont pas  en vente en France évidemment mais il faut informer les usagers des risques pris en inhalant ces produits illégaux.

Les produits en vente légale sont contrôlés et soumis à des règles strictes de fabrication en termes de contenu et de pourcentage de nicotine. Dans l’Union Européenne, et plus particulièrement en France, les liquides utilisés bénéficient d’une labellisation stricte, avec de nombreux et rigoureux contrôles de la DGCCRF et de l’ANSES. (4)

Pour conclure, l’e-cigarette reste en France un bon outil d’aide à l’arrêt du tabac, de réduction des risques quand elle est exclusive, nécessitant une bonne information du public sur les risques potentiels tant par les professionnels de santé que par les commerçants et reste moins nocive que la cigarette.

On rappellera les propos du Pr Dauzenberg, tabacologue et pneumologue, sur ces risques : « Fumer, c’est comme rouler sur l’autoroute à contresens. Vapoter, c’est comme rouler à 140 au lieu de 130 km/h »

1 - https://dailygeekshow.com/effets-cigarette-electronique-gros-fumeurs/

 2- Baromètre santé 2017, Santé Publique France)

3-  https://www.nbcnews.com/health/vaping/tests-show-bootleg-marijuana-vapes-tainted-hydrogen-cyanide-n1059356

4-Nicotine patches used in combination with e-cigarettes (with and without nicotine) for smoking cessation: a pragmatic, randomised trial ( Natalie Walker, PhD ; Varsha Parag, MSc, MarjoleinVerbiest, PhD George Laking, MBChB, Prof Murray Laugesen, MBChB, Prof Christopher Bullen, MBChB )
https://www.thelancet.com/journals/lanres/article/PIIS2213-2600(19)30269-3/fulltext

5-https://publichealthmatters.blog.gov.uk/2018/02/20/clearing-up-some-myths-around-e-cigarettes/

6- -https://www.addictaide.fr/tabac/les-traitements/le-vapotage-la-vape-le-vaporisateur-personnel-la-cigarette-electronique/vapotage-et-espace-public/

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