Pourquoi la France reste un des pays les plus répressifs en matière de stupéfiants ?

[Diffusé le 22-09-2020]

Auteur : Dr Véronique Vosgien


En 2016 L’ONU consacre 3 jours pour parler des drogues…. des échos en France … très peu.  

L’actualité démontre tous les jours l’impossible contrôle du trafic des stupéfiants, de la violence qui lui est lié et la multiplicité des activités illicites liée au marché noir. Parallèlement la consommation  des drogues n’a jamais diminué et les contradictions entre politiques et perception des drogues apparaissent de plus en plus fragrantes.

Le consensus international de l’approche répressive s’effrite dans les années 2000, si  un camp reste très répressif (notamment Chine et Russie) un autre plus pragmatique accepte une consommation dans le but de minimiser les possibles effets négatifs de leur usage (infection -overdose ).

Certain pays campent sur leur politique répressive,  d’autre (Union européenne et USA) tendent à  privilégier une approche basée sur la santé publique et les droits humains, d’autres enfin  initient un processus d’évaluation du système existant   allant vers une régulation des marchés (légalisation ) et notamment en ce qui concerne l’utilisation thérapeutique des drogues.

La France reste ici bien timide, en l’absence  de vrai débat autour du sujet.

Et apparaissent des contradictions à la loi de 1970 : alternative à la prison, ouverture des SCMR et dernièrement la contravention liée à l‘usage.

Depuis 50 ans les gouvernements français ont mené des politiques des plus répressives d’Europe occidentale concernant l’usage de drogues et se trouve confrontée  avec la levée d’un tabou : celui de l’utopie d’une société sans drogue.

L’utilisation de drogues que ce soit dans le cadre d’une dépendance ou dans le cadre d’une consommation festive reste bien du choix de vie et la liberté de la sphère privé.

En 2017, l’OMS et l’ONUDC invitaient l’ensemble des états membres  à mettre un terme à la pénalisation de l’usage des drogues.

Pourtant la France s’évertue à maintenir voire à renforcer son  arsenal qui tend toujours  à pénaliser tout citoyen majeur .

La nouvelle forme consistant à pénaliser tout citoyen majeur pris en flagrant délit de consommation d’une amende de 300 euros  témoigne encore d’une société déconnectée de la réalité et d’une incompréhension de la problématique.

Systématiser et standardiser la sanction au détriment de l’accompagnement et de l’orientation vers les soins est loin d’être une avancée.  

L’amende concerne les majeurs et ne vient en rien maintenir l’interdiction pour les mineurs, témoin d’une confusion entre interdit éducatif et interdiction pénale.

L’histoire des drogues se fond dans l’histoire des hommes :  

XVIème et XVIIème   curiosité enthousiasme et savoir vire

XIXème  Démocratisation de leur usage, extension  et premières inquiétudes

XXème  Réglementation et interdiction provoquent une disqualification des usagers encore tenace aujourd’hui

XXIème ? 

 

A quand ,en France, un vrai débat citoyen sur le sujet y associant les professionnels de l’addictologie ?

 

« Ceux qui peuvent renoncer à la liberté essentielle pour obtenir un peu de sécurité temporaire, ne méritent ni la liberté ni la sécurité. »
Benjamin Franklin

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